Parce qu'il coule en nous des glaciers

À paraître : "Parce qu'il coule en nous des glaciers" aux éditions Loco à l'automne 2023 avec une préface de Nastassja Martin.
Bientôt en ligne la souscription.

Le paysage des Alpes sans glaciers est un impensé, ce qui est le propre de la catastrophe en cours : c’est parce que nous nous refusons de regarder le paysage qui vient (de vaste champs de moraine et de pierre en lieu et place des glaciers) que l’horizon se bouche, s’effondre.
Démarré en 2004, je déploie une longue exploration des paysages alpins englacés. J’en tire une méditation en image et pousse mon propos jusqu’à photographier, ce qu’appelle Claude Reichler, des «effigies», des tas de pierre, des amoncellements morainiques, naguère charriés par les glaciers.
Je revendique les glaciers comme entité naturelle «sujet», soit un paysage sujet. Leur disparition m’affecte profondément et je ressens un réel deuil. L’épreuve de leur disparition m’a révélé que mes sentiments pour eux n’étaient pas du même ordre que pour la perte d’un objet. Nos deux seules catégories sujet/objet ne suffisent pas à rendre compte de la mosaïque de relations diverses que nous éprouvons parmi les êtres vivants.
En m’émancipant de ces catégories, je mets à l’épreuve la photographie, en quelque sorte, comme medium pouvant transmettre des variétés d’affects pour les glaciers comme un paysage sujet. Je fais cette hypothèse que par l’image photographique je puisse rendre compte de cette relation si particulière.
J’inscris alors mon travail photographique dans la tradition de la photographie documentaire, dans laquelle il s’agit de créer une catégorie nouvelle, celle des paysages sujets.

Ce travail a reçu les soutiens du CNAP (Centre Nationale d'Art Plastique) en 2021 et de l'AIC (Aide Individuelle à la Création) de la Drac Rhône Alpes en 2022.

Hyper-montagne

Carte & paysage À partir des cartes suisses au 25000ème, je reproduis des montagnes emblématiques des Alpes. Il est question ici de sortir la montagne de son contexte de carte topographique en ne retenant uniquement les informations physiques du territoire, uniquement le relief . À l’aide du fusain, je reproduis les tracés des reliefs agrandis qui opère comme un dépliage. Par le dessin, je parcours avec la main ces reliefs chaotiques pour en restituer leur cohérence et leurs complexités. Je ne figure pas les glaciers laissant à leur place des taches blanches car entre le relevé topographique et la réalité du terrain d’aujourd’hui, des glaciers ont reculé, disparus. Je fais le choix de laisser un vide, que notre imaginaire comblera. La carte s’est finalement transformée en un paysage.